Rod Taylor, ou la Machine à explorer le cinéma
Rod Taylor nous a quittés le 7 janvier dernier, pour entrer définitivement dans la légende (au moins pour les plus de trente-cinq ans).
Cet acteur au charisme certain, nous est surtout chers pour ses remarquables prestations dans deux films cultes, qui nous fournissent chacun matière à quelques digressions vers nos sujets de prédilection, la littérature populaire et la SF d’antan.
En 1960, sort un film que notre génération, et plus largement la horde des « geeks » qui veille jalousement sur notre héritage SF, a érigé au rang de cultissime : « La machine à explorer le temps ». George Pal, cinéaste spécialiste du genre, est aux commandes de cet ambitieux projet cinématographique : l’adaptation du roman éponyme de H.G. Wells. Objectif atteint : le film reçoit l’oscar des effets spéciaux.
H.G. Wells (1866-1946) fait partie des fondateurs de la SF « moderne » : comme Arthur Conan Doyle ou, en France, Rosny aîné, il défriche et explore les grands thèmes qui feront pour des générations l’essentiel de l’inspiration des écrivains du genre. Ces trois auteurs sont contemporains, et leurs pas les ont entraînés souvent sur les mêmes chemins, sans que l’on puisse savoir avec exactitude quelles auront été leurs influences mutuelles sur leur travail. Ce sont les mondes perdus, le voyage dans l’espace ou dans le temps, la rencontre avec des vies extra-terrestres, la fin du monde… Autant de thèmes qui font encore les délices du genre, en littérature comme au cinéma.
En 1963, Rod Taylor illumine de son élégance décontractée, en compagnie de Tippi Hedren, qui sera demeurée toute sa vie une amie de l’acteur, l’un des films les plus marquants d’Alfred Hitchcock, « Les oiseaux ». Devenu un classique du cinéma dit « d’épouvante », ce grand film quelque peu inclassable, est inspiré d’une nouvelle de l’écrivaine Daphné du Maurier, parue en 1952. Le film remporta lui aussi un oscar, pour la qualité des effets visuels.
Ce n’était pas la première fois que le chemin du génial metteur en scène croisait l’œuvre de l’auteure. Hitchcock réalisa en 1939 « La taverne de la Jamaïque » (son dernier film anglais avant son départ pour les USA) et en 1940 « Rebecca » (son premier film US).
Daphné du Maurier (1907-1989) transposa habilement, dans la plupart de ses œuvres, les recettes du roman dit « gothique » dans un contexte contemporain. Cela est surtout visible avec « Rebecca », qui use avec habileté de toutes les ficelles du genre, du suspense psychologique aux toiles de fonds criminelles.
Et pour conclure sur Rod Taylor et le cinéma de genre, rappelons que la dernière pierre à l’édifice de la légende de l’acteur fut posée par Quentin Tarantino, spécialiste du cinéma dit « de genre », qui lui confia le rôle de Winston Churchill dans « Inglorious basterds » (remake lui-même d’un film culte, dans un autre genre)…
Pour nous consoler et retrouver ce sympathique acteur, nous pouvons fort heureusement nous embarquer dans cette fantastique machine à remonter le temps qu’est le cinéma…
Laisser un commentaire