Le Père Brown, un parrain prestigieux pour Columbo
Le 29 décembre 2020, s’éteignait en toute discrétion l’homme de cinéma et de télévision William Link, co-créateur avec son ami de toujours Richard Levinson de la célébrissime série policière Columbo. Les deux hommes se sont connus à 14 ans, et ont poursuivi leurs études à l’Université de Pennsylvanie. Partageant un goût certain pour le mystère et le roman policier, ils commencent à écrire à quatre mains des nouvelles (la première paraîtra en 1954 dans le Ellery Queen’s magazine), des pièces de théâtre, et finalement la célèbre série, qui met en scène un policier gaffeur, un peu tête en l’air au premier abord, timide, souvent confronté à la meilleure société de Los Angeles : un enquêteur à mille lieues des clichés véhiculés alors par le roman policier et le cinéma. Autre particularité de la série policière : dès le début on connaît l’identité du coupable, et tout le plaisir réside dans le jeu du chat et de la souris qui suit, entre l’assassin et le policier…
Un certain Porphyre Pétrovitch…
William Link ne s’en est jamais caché, le personnage de Columbo est né de deux « modèles » prestigieux. Le premier, qui fournira cette structure particulière de l’intrigue (qui avait déjà été utilisée auparavant) c’est le procureur Porphyre Pétrovitch, personnage du roman de Fedor Dostoïevski, Crime et châtiment. Enquêteur patient, il parviendra à la vérité grâce à un détail, un article écrit par le coupable qui n’était pas censé paraître… tandis que le dit meurtrier, rongé par la culpabilité, se rendra au procureur, fin psychologue. Dans le roman on sait qui est le coupable ; d’ailleurs, même s’il s’inspire de la structure du roman policier (Dostoïevski connaît le travail d’Émile Gaboriau, ancien secrétaire de Paul Féval et l’un des fondateurs du genre) l’oeuvre-fleuve du romancier russe n’en est pas réellement un. Il fournira cependant l’idée de la structure inversée qui caractérise Columbo, ainsi que des éléments de la personnalité de Pétrovitch, notamment son attachement à la psychologie plutôt qu’aux preuves empiriques dont raffole pourtant la police…
… Et un discret petit prêtre nommé Brown
La seconde source du personnage de Columbo, c’est bien entendu le lunaire père Brown, un curieux enquêteur créé par l’écrivain britannique G. K. Chersterton. C’est un petit prêtre, timide, parfois maladroit, mais à l’esprit affûté et des plus clairvoyants. Quiconque a déjà fait sa connaissance ne peut que faire le lien avec le lieutenant de la brigade criminelle de Los Angeles : outre les ressemblances déjà listées, on le retrouve fréquemment au milieu de la meilleure société, rendant encore plus frappantes encore ses caractéristiques (il est souvent mal habillé, ou couvert de poussière…) qui cachent un esprit habile et délié. Et comme Porphyre Pétrovitch et Columbo, le père Brown n’a nul besoin de l’arsenal du roman policier classique : il est trop fin connaisseur de l’âme humaine !
Nous vous invitons à en juger en découvrant l’humble parrain du célébrissime Columbo, le père Brown, dans ses œuvres ! Pour les découvrir, dans une toute nouvelle traduction et accompagnées d’une présentation inédite, il vous suffit de suivre ces liens :
La Croix bleue, première enquête du père Brown
Les pas étranges, où l’on découvre toute l’étendue de sa sagacité
Le jardin secret, une énigme peu banale et brillamment résolue
L’Homme invisible, une fable policière qui tire profit des failles de la psychologie humaine…
Laisser un commentaire