Paul Féval, une vie comme un roman
La bibliographie de Paul Féval, gigantesque, recèle bien des perles peu connues, dissimulées par la seule présence du Bossu, énorme succès de l’écrivain. On aurait donc bien tort de le cantonner au roman historiques et de cape et d’épée.
Certes, dans ce domaine ses nombreux romans ne manquent pas d’intérêt ; cependant, il a été l’un des précurseurs, avec Eugène Sue ou Ponson du Terrail, ou encore Émile Gaboriau, du roman noir et policier. Son autre grand succès, son chef-d’œuvre pour bien des spécialistes de la littérature populaire, les Habits noirs, est à ce titre un premier trait de son génie si particulier (mais pas le seul). Mais de nombreux romans et nouvelles de l’auteur sont à vocation parfaitement criminelle.
Précurseur également de la littérature fantastique, dans la veine romantique d’abord ouverte par Charles Nodier, il développe ses propres thèmes, et fait montre surtout, dans certains romans « frénétiques » d’un humour fin et profond (y compris vis-à-vis de ses propres œuvres), comme dans La fabrique de crimes.
Si donc sa bibliographie de Paul Féval est pléthorique, sa vie tient également du roman : d’abord destiné à une carrière d’avocat qui tourne court, notre breton se retrouve à Paris, chez un oncle, dans un emploi de bureau qui l’ennuie : il songe déjà à la littérature. Son oncle s’en aperçoit et le renvoie, pour le plus grand bien de ses futurs lecteurs.
Les succès du Bossu, des Habits noirs, ses nombreux feuilletons et un travail acharné le mettent à l’abri du besoin. Il est aussi populaire qu’Eugène Sue ou Honoré de Balzac, et demeure un travailleur acharné. En 1853 il épouse la fille de son médecin, Marie Pénoyer, qui lui donnera huit enfants, dont Paul Féval fils, qui reprendra le flambeau de son père (mais c’est une autre histoire…).
Ruiné une première fois, cet écrivain fébrile, à l’imagination débordante, ce feuilletoniste émérite, refait sa fortune ; en 1875 des placements malheureux amènent une seconde catastrophe financière, puis sa conversion : il renoue avec la foi catholique, et reprend jusqu’à sa mort une partie de ses premières œuvres pour les réécrire, tout en produisant de nouvelles œuvres imprégnées de cette conversion. Il meurt dans la pauvreté.
Avec une production littéraire aussi vaste, fournie et diverse, un talent aussi affirmé et sûr, Paul Féval demeure l’un des romanciers populaires les plus connus, les plus adaptés et les plus copiés. Et Aussi l’un de ceux dont l’oubli a occulté des perles émérites que nous allons nous efforcer de remettre au jour…
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