Grindagrap : quand le Danemark assassine la petite sirène…
Le grindagrap
Comme chaque année, fin juillet, les îles Feroë ont été le théâtre de la traditionnelle chasse au cétacé, le Grindagrap. Et comme chaque année cette tradition a pris la forme d’un massacre à l’arme blanche de dauphins globicéphales (ou baleines pilotes), et a donné lieu à des images pour le moins difficiles à voir, même si l’on a pas la sensibilité d’une ballerine.
Les participants au grindagrap arguent que tuer une baleine pilote ne demande qu’une incision, selon une tradition enseignée par les anciens. Cependant les images, nombreuses, montrent bien en quoi consiste cette chasse : littéralement, en un bain de sang.
Le grindagrap est une tradition millénaire, au même titre sans doute que les chasses autochtones aux cétacés autorisées aux USA et au Canada. Mais ces dernières ne sont autorisées que dans le strict cadre de besoins alimentaires. Certes, ce fut naguère le cas également aux îles Feroë ; la subsistance alimentaire du petit archipel dépendait alors de ces chasses collectives, qui, bien menées, pouvaient garantir plusieurs mois d’apports en viande et en graisse.
Mais désormais, les choses sont bien différentes ; et la comparaison entre les chasses autochtones amérindiennes et le grindagrap n’est plus d’actualité. Le ministre de la Santé des îles Feroë lui-même déconseille désormais la consommation de viande de cétacés, en raison de sa concentration en métaux lourds (notamment le mercure) due à la pollution (c’est aussi le cas pour le saumon de Norvège).
Une tradition sanglante et inutile
Par ailleurs, les îles Feroë ont depuis plusieurs décennies l’un des meilleurs niveaux de vie de la Communauté Européenne (revenu par habitant : 59831,70 $ en 2013 — à titre indicatif ce chiffre est de 42503,30 $ pour la France à la même période). La découverte de gisements de pétrole offshore devrait dans l’avenir permettre la diversification de l’économie de l’archipel et assurer ce niveau de vie pour des décennies encore.
Partout dans la Communauté Européenne et ailleurs, les traditions devenues obsolètes impliquant la souffrance animale sont remises en cause. Ainsi la Catalogne est devenue la seconde province d’Espagne à bannir la corrida.
Et plus près de nous, un vif débat entoure les combats de coq en France, tradition avérée certes, mais en voie d’extinction.
Le Danemark continue quant à lui de tolérer le grindagrap, sous couvert de l’indépendance législative (relative) du gouvernement des îles Feroë.
Banquises et Comètes s’engage
Faut-il attendre patiemment l’extinction de la tradition ? Espérer l’émergence d’une réelle contestation à l’intérieur même de la société féringienne ? Ou faire quelque chose, comme le tente chaque année l’ONG Sea Shepherd, dont cinq militants viennent d’être condamnés par un tribunal de l’archipel ?
Pour ma part, j’ai déjà décrit le grindagrap dans une note d’actualisation de l’ouvrage Monstres marins ; ainsi que les pêches autochtones tolérées et les mesures de protection des cétacés. Et raisonnablement, je ne pense pas voir de mon vivant l’extinction d’une tradition, que les habitants lient visiblement à leur identité culturelle plus qu’à des besoins alimentaires désormais inexistants.
C’est pourquoi il me paraît important de militer pour un soutient plus affirmé à Sea Shefferd et aux ONG qui luttent quotidiennement pour la défense de l’environnement marin.
Banquises et Comètes reversera donc, à partir d’aujourd’hui, 2 € sur les ventes de l’ouvrage Monstres marins sur le site internet, chez nos libraires-partenaires ou sur les stands des foires et salons auxquels nous participons, à une ONG militant pour la préservation des océans.
N’hésitez pas à partager cet article si vous souhaitez nous encourager !
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