Edgar Allan Poe et Jules Verne
À l’occasion de l’anniversaire de la naissance de l’écrivain américain Edgar Allan Poe, (19 janvier), il nous a semblé pertinent de rappeler les liens entre lui et Jules Verne.
Comme beaucoup de jeunes gens de sa génération, Jules Verne découvre Poe grâce au travail de traduction du poète Charles Baudelaire. Et, indubitablement, il exerça sur l’écrivain nantais une influence certaine. D’ailleurs, Verne consacrera au poète un long article dans le Magasin des Familles, dans lequel il publia par ailleurs les premiers textes annonçant les Voyages extraordinaires. Ce n’est sans doute pas sans raison, car Edgar Allan Poe, dans sa recherche de l’étrangeté, jette un premier pont entre la tradition poétique des voyages philosophiques (comme celui de Cyrano qui va sur la lune en s’élevant grâce à des ballons remplis de rosée) et la science encore balbutiante. Entre imagination et raison, des liens se tissent, sans toutefois que la seconde dispute au fantastique qui règne dans les écrits de Poe.
Jules Verne le découvre alors qu’il s’intéresse au domaine du fantastique, cherchant encore sa voie : d’abord avec Maître Zacharius, un conte faustien, inspiré aussi d’Hoffmann, qu’il connaît bien ; puis avec des nouvelles « géographiques » qui préfigurent son œuvre chez Hetzel mais empruntent aussi aux thèmes de Poe (notamment les voyages en ballon ou en bateau…)
Mais Jules Verne réalise en collaborant avec le Magasin, et en donnant des nouvelles géographiques réalistes, qu’il existe sans doute, à côté du merveilleux « traditionnel » fait de rêves, de fantômes et de poésie, une nouvelle voie exploitant avec sérieux les progrès de la technologie pour créer ce « merveilleux scientifique » auquel il voua la majeure partie de son œuvre.
D’ailleurs, Jules Verne donnera, bien des années après son article, une suite au seul roman de Poe, Les aventures d’Arthur Gordon Pym : Le sphinx des glaces. Roman typiquement vernien au demeurant.
Nourri de la lecture enthousiaste de Poe, mais aussi de science et de géographie, Jules Verne développa une œuvre par bien des aspects unique ; et demeurée (presque) sans descendance — mais certainement pas sans influence.
Pour s’en convaincre, on peut lire L’étoile du Pacifique, roman post-vernien imaginatif et bien mené !
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