Adieu petite espiègle, hommage à Pocahontas
Il s’agit d’un bref et tardif, mais néanmoins sincère, hommage à Pocahontas, princesse indienne qui s’éteignit en Angleterre en mars 1617 dans la fleur de l’âge (sans doute moins de 25 ans).
On sait en réalité peu de choses sur cette jeune femme, qui est entrée dans la légende bien mieux que dans l’Histoire… Mais, après le succès de nombreuses évocations de sa vie plus ou moins authentiques et fidèles, il convient je pense de rappeler les quelques repères biographiques que nous possédons.
D’une part, son vrai nom était Matoaka, « Pocahontas » étant un gentil sobriquet signifiant quelque chose comme « jeune espiègle » ou « petite coquine » dans sa langue. Elle était la fille du chef Powhatan, qui commandait à plusieurs tribus au sein d’une confédération qui porte le même nom.
La première énigme de son existence, celle qui fut le plus débattue, est sa rencontre avec John Smith. Nous n’avons pour seule source que le témoignage de Smith lui-même, mais il ne raconta cet épisode, devenu légendaire, que bien des années après la date supposée des événements…
En 1607, les Anglais tentaient de coloniser la Virginie occidentale, territoire ancestral des Powhatans. Dans ce contexte, Smith fut capturé par des chasseurs indiens, et aurait été mis à mort Pocahontas n’avait sauvé sa vie en s’interposant entre la massue du bourreau et la tête de Smith. Jusque-là, l’épisode tel que le raconte le colon est conforme à la légende. Mais celle-ci a pris quelques raccourcis : en effet, à cette époque notre princesse rebelle n’a que douze ans. Aucun document ne suggère une quelconque romance entre eux ; d’ailleurs, Smith rapporta que lors de leurs retrouvailles en Angleterre, elle l’appelait « sugar daddy ».
Ce ne sera pas la seule fois que Smith devra la vie à la jeune Indienne… Puis, blessé par accident, il doit quitter la Virginie, en 1609. Les colons anglais font croire à Pocahontas à sa mort, ou du moins se montrent catégoriques sur ses chances de survie à la traversée, alors longue et périlleuse.
C’est plus tard, après avoir appris la manière de vivre occidentale auprès des colons anglais (en captivité), qu’elle fera la rencontre de John Rolfe, qui s’en éprend. Il n’y a aucun doute sur la teneur de ses sentiments envers Pocahontas. Rolfe, très croyant, a laissé trace de ses interrogations sur son union avec une « païenne »… Ils se marièrent en 1614, et notre princesse prit le nom de Rebecca Rolfe.
Pocahontas fut invitée en Angleterre, pour promouvoir les colonies britanniques et montrer que les Indiens n’étaient pas tous des sauvages sanguinaires. Elle y retrouva John Smith, sans doute avec surprise, et lui témoigna une amitié intacte. C’est à la fin de ce voyage qu’elle trouva la mort, victime sans doute du redoutable climat britannique.
Il semble bien que la « petite espiègle » ait joué, à de nombreuses occasions, un rôle diplomatique important dans les relations entre colons et Indiens (relations qui se sont dégradées rapidement malgré tout). Était-ce à son corps défendant, prisonnière qu’elle fut entre deux mondes fort différents et à bien des égards opposés, ou bien par conviction profonde ? Ne s’étant jamais exprimée sur ce sujet, elle aura emporté ses secrets avec elle au paradis des vraies princesses.