A la recherche du Temple du Soleil (première partie)
Si les premiers albums de Tintin (chez les Soviets, au Congo, en Amérique) ne sont qu’une suite de petites mésaventures, les suivants bénéficieront de véritables scénarios, de plus en plus élaborés et documentés.
Le lotus bleu (1936) en est un exemple frappant, puisqu’il s’appuie sur un contexte géopolitique tendu, la conquête de la Mandchourie par le Japon, prélude à la guerre de Sanghaï (1932).
Les deux albums « Les septs boules de cristal » et sa suite « Le temple du soleil » n’échappent pas à cette règle, et Hergé, pour construire une intrigue désormais complexe, puise dans une documentation abondante, notamment iconographique.
Hergé est aussi un grand lecteur de littérature populaire, qui connaît ses « classiques » ; aussi va-t-il également puiser dans un roman d’aventures très documenté de Gaston Leroux, « L’épouse du Soleil ». Il y reprend une partie de l’intrigue, et de nombreux détails. Il faut dire que le livre de Gaston Leroux s’appuie lui-même sur les ouvrages classiques de l’histoire du Pérou pendant la conquête espagnole.
Ne souhaitant certes pas dévoiler plus avant les mécanismes narratifs qui incorporent les éléments du roman dans la trame de l’album d’Hergé, je ne puis que conseiller au tintinophile qui sommeille en vous (comme en chacun de nous) de se plonger dans le roman de Gaston Leroux que nous venons de rééditer, palpitant, mettant en œuvre tous les ressorts du feuilleton jusqu’au dénouement…
Nous avons conservé dans notre édition les illustrations originales de Manuel Orazi (1860-1934), réalisées pour la première parution du livre, en feuilleton, dans la revue « Je sais tout » dirigée par Pierre Lafitte (1910).
Le travail de cet artiste méconnu, peintre, illustrateur, s’inscrit parfaitement l’Art nouveau ; et si sa biographie demeure mystérieuse, on lui doit de somptueuses affiches, illustrations et décors d’opéra. Il a assuré la décoration du film l’Atlantide, de Jacques Feyder (1921) et réalisé les affiches. Sa collaboration avec l’éditeur Pierre Lafitte, qui découvrit et publia Maurice Leblanc et son Arsène Lupin, s’est étendue à de nombreux classiques de la littérature populaire.
Mais le roman de Gaston Leroux n’est pas la seule source d’Hergé… Affaire à suivre, donc.
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