Edmond About, le sourire du second Empire… et un peu plus encore !
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L’esprit n’exclut pas l’élégance
Le 16 janvier 1885 s’éteignait l’un des auteurs français les plus oubliés, mais non l’un des moins méritants : Edmond About. Pourtant, son esprit délié, son humour parfois acerbe, ont animé la vie intellectuelle du second Empire, puis de la Troisième République. Fin, lettré, sous sa plume prétendument légère se cache un observateur ironique de ses contemporains.
L’homme à l’oreille cassée
Parmi les romans satyriques de ce brillant esprit aussi à l’aise au théâtre qu’avec une plume, l’un surtout se détache d’un « lot » pourtant plein de pépites (Le nez d’un notaire, Le roi des montagnes…) : L’Homme à l’oreille cassée.
Ce titre vous est sans doute familier ? Hergé, fin connaisseur de la littérature d’aventure, utilise pour son 6e album l’étrange expression : « oreille cassée » (mais c’est son seul emprunt au roman…)
Et si le titre ne vous dit rien, l’intrigue du roman dira forcément quelque chose à une ou deux générations de cinéphiles et téléspectateurs, puisque c’est elle qui servira à la création de la pièce de théâtre, puis du film Hibernatus !
Biologie et Science-Fiction
Hibernatus reprend, point par point ou presque, l’intrigue de l’Homme à l’oreille cassée. La pièce de théâtre est l’oeuvre de l’homme de théâtre et de cinéma Jean Bernard-Luc. L’auteur exploite bien entendu la veine comique ouverte par Edmond About, mais aussi l’ambiance de SF que l’auteur de l’oreille cassée a su distiller dans son roman… Plus tard Jean Bernard-Luc sera d’ailleurs nommé au festival d’Avoriaz 1981 pour un roman s’appuyant sur la biologie, Le rapport du professeur Garel...
En bref, une aventure peu banale !
Mais l’Homme à l’oreille cassée, qui discrètement rejoint la cohorte des livres qui sans le savoir ont fondé la SF, c’est aussi une vaste satyre du second Empire, et plus largement des institutions bourgeoises de l’époque (avant la guerre de 70 bien entendu). Affairistes, hommes de loi, militaires, hommes de science… sous le regard mi-amusé, mi-interdit des personnages féminins du roman, tout ce petit monde s’agite avec autant de conviction que de maladresse, autour de notre colonel réhydraté, pour le plus grand bonheur du lecteur, qui pourra s’il le souhaite lire entre les lignes de ce roman d’aventure extraordinaire une petite chronique fort réjouissante d’une époque peut-être pas si lointaine !
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