Max Schreck, mort… et vivant.
C’est en février 1938 que l’acteur Maximilan Schreck s’éteignit — officiellement — en Allemagne, la faucheuse mettant fin à une carrière théâtrale riche et peu connue.
Si vous ne connaissez pas son nom, vous connaissez le rôle qui l’immortalisa (le mot est bien choisi) dans les premiers temps du cinéma : il tient le premier rôle, celui du comte Orloff, dans le film « Nosferatu » de l’Allemand Friedrich W. Murnau (1921). Vous y êtes ? Cette silhouette sinistre et griffue est inoubliable.
« Nosferatu » est une adaptation du « Dracula » de Bram Stocker qui ne dit pas son nom (pour des raisons de droits).
Devenu mythique, le film de Murnau a porté cette image de l’acteur aux quatre coins du monde, et pour longtemps, l’immortalisant en quelque sorte dans un instant de sa carrière (car malgré quelques apparitions au cinéma c’est au théâtre que Schreck a consacré sa vie).
Car, si d’autres acteurs ont marqué les débuts du cinéma de leur empreinte — je songe à l’instant à l’incroyable Lone Chaney, l’homme aux mille visages — la performance hors normes de Max Schreck, fragment isolé et énigmatique d’un parcours dédié au spectacle vivant, en a fait un mythe tout à fait à part.
À tel point que la rumeur aurait couru que ce formidable et discret acteur aurait été un vrai vampire… C’est en tout cas le point de départ du film « L’ombre du vampire » (2000). On a le plaisir, d’une part de voir un film bien ficelé, et d’autre part d’y retrouver des acteurs qui, à leur manière et dans bien des circonstances, se sont révélés « hors normes » : John Malkovitch y incarne le cinéaste Murnau, et Willem Dafoe joue le rôle de Max Shreck, qui dans le scénario n’est qu’un pseudonyme pour le comte Orloff, vampire de son état. Udo Kier, familier des amateurs de films d’horreur, fait partie de la distribution de ce film de vampire un peu particulier. L’un des derniers vrais bons films de vampire ?
Il n’est pas rare que le cinéma tente de ressusciter un mythe ; il n’est hélas pas rare que cette tentative échoue — aussi saluons cette sympathique réussite, portée avec efficacité par un casting à toute épreuve.
Je ne sais pas si Max Schreck aurait apprécié l’hommage, ni si même il se doutait de ce qu’allait devenir le cinéma. Quoi qu’il en soit, ayons une pensée pour cet « inconnu célèbre » du cinéma que nous aimons, que le vampirisme a en quelque sorte vraiment rendu immortel.
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